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e-text: Buffon, Discours sur le Style: Discours prononcé à l'Académie
française par M. de Buffon le jour de sa réception le 25 août 1753; version
rtf.
Numérisation:
Thomas Humbert, Genève.
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BUFFON
(1707 - 1788)
DISCOURS SUR LE STYLE
DISCOURS
PRONONCÉ A L'ACADÉMIE FRANÇAISE
PAR M. DE BUFFON
LE JOUR DE SA RÉCEPTION LE 25
AOÛT 1753
Texte de l'édition
de l'abbé J. Pierre
Librairie Ch.
Poussielgue, Paris, 1896
Exemplaire BPU
Genève Tp 3921
____________________
Messieurs,
Vous m'avez comblé
d'honneur en m'appelant à vous; mais la gloire n'est un bien qu'autant qu'on en
est digne, et je ne me persuade pas que quelques essais écrits sans art et sans
autre ornement que celui de la nature soient des titres suffisants pour oser
prendre place parmi les maîtres de l'art, parmi les hommes éminents qui
représentent ici la splendeur littéraire de la France, et dont les noms,
célébrés aujourd'hui par la voix des nations, retentiront encore avec éclat
dans la bouche de nos derniers neveux. Vous avez eu, Messieurs, d'autres motifs
en jetant les yeux sur moi; vous avez voulu donner à l'illustre compagnie à
laquelle j'ai l'honneur d'appartenir depuis longtemps une nouvelle marque de
considération: ma reconnaissance, quoique partagée, n'en sera pas moins vive.
Mais comment satisfaire au devoir qu'elle m'impose en ce jour? Je n'ai,
Messieurs, à vous offrir que votre propre bien: ce sont quelques idées sur le
style, que j'ai puisées dans vos ouvrages; c'est en vous lisant, c'est en vous
admirant qu'elles ont été conçues; c'est en les soumettant à vos lumières
qu'elles se produiront avec quelque succès.
Il
s'est trouvé dans tous les temps des hommes qui ont su commander aux autres par
la puissance de la parole. Ce n'est néanmoins que dans les siècles éclairés que
l'on a bien écrit et bien parlé. La véritable éloquence suppose l'exercice du
génie et la culture de l'esprit. Elle est bien différente de cette facilité
naturelle de parler, qui n'est qu'un talent, une qualité accordée à tous ceux
dont les passions sont fortes, les organes souples et l'imagination prompte.
Ces hommes sentent vivement, s'affectent de même, le marquent fortement au
dehors; et, par une impression purement mécanique, ils transmettent aux autres
leur enthousiasme et leurs affections. C'est le corps qui parle au corps; tous
les mouvements, tous les signes, concourent et servent également. Que faut-il
pour émouvoir la multitude et l'entraîner? Que faut-il pour ébranler la plupart
même des autres hommes et les persuader? Un ton véhément et pathétique, des
gestes expressifs et fréquents, des paroles rapides et sonnantes. Mais pour le
petit nombre de ceux dont la tête est ferme, le goût délicat et le sens exquis,
et qui, comme vous, Messieurs, comptent pour peu le ton, les gestes et le vain
son des mots, il faut des choses, des pensées, des raisons; il faut savoir les
présenter, les nuancer, les ordonner: il ne suffit pas de frapper l'oreille et
d'occuper les yeux; il faut agir sur l'âme et toucher le coeur en parlant à
l'esprit.
Le style n'est que
l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées. Si on les enchaîne
étroitement, si on les serre, le style devient ferme, nerveux et concis; si on
les laisse se succéder lentement et ne se joindre qu'à la faveur des mots,
quelque élégants qu'ils soient, le style sera diffus, lâche et traînant.
Mais, avant de chercher
l'ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s'en être fait un autre
plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les
principales idées: c'est en marquant leur place sur ce premier plan qu'un sujet
sera circonscrit, et que l'on en connaîtra l'étendue; c'est en se rappelant
sans cesse ces premiers linéaments qu'on déterminera les justes intervalles qui
séparent les idées principales, et qu'il naîtra des idées accessoires et
moyennes qui serviront à les remplir. Par la force du génie, on se représentera
toutes les idées générales et particulières sous leur véritable point de vue;
par une grande finesse de discernement, on distinguera les pensées stériles des
pensées fécondes; par la sagacité que donne la grande habitude d'écrire, on
sentira d'avance quel sera le produit de toutes ces opérations de l'esprit.
Pour peu que le sujet soit vaste ou compliqué, il est bien rare qu'on puisse
l'embrasser d'un coup d'oeil, ou le pénétrer en entier d'un seul et premier
effort de génie; et il est rare encore qu'après bien des réflexions on en
saisisse tous les rapports. On ne peut donc trop s'en occuper; c'est même le
seul moyen d'affermir, d'étendre et d'élever ses pensées: plus on leur donnera
de substance et de force par la méditation, plus il sera facile ensuite de les
réaliser par l'expression.
Ce plan n'est pas
encore le style, mais il en est la base; il le soutient, il le dirige, il règle
son mouvement et le soumet à des lois; sans cela, le meilleur écrivain s'égare,
sa plume marche sans guide, et jette à l'aventure des traits irréguliers et des
figures discordantes. Quelque brillantes que soient les couleurs qu'il emploie,
quelques beautés qu'il sème dans les détails, comme l'ensemble choquera ou ne
se fera pas sentir, l'ouvrage ne sera point construit; et, en admirant l'esprit
de l'auteur, on pourra soupçonner qu'il manque de génie. C'est par cette raison
que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu'ils parlent très bien, écrivent
mal; que ceux qui s'abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un
ton qu'ils ne peuvent soutenir; que ceux qui craignent de perdre des pensées
isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés,
ne les réunissent jamais sans transitions forcées; qu'en un mot, il y a tant
d'ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d'en seul
jet.
Cependant, tout sujet
est un; et, quelque vaste qu'il soit, il peut être renfermé dans un seul
discours. Les interruptions, les repos, les sections, ne devraient être d'usage
que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses
grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par
la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des
circonstances: autrement, le grand nombre de divisions, loin de rendre un
ouvrage plus solide, en détruit l'assemblage; le livre paraît plus clair aux
yeux, mais le dessein de l'auteur demeure obscur; il ne peut faire impression
sur l'esprit du lecteur, il ne peut même se faire sentir que par la continuité
du fil, par la dépendance harmonique des idées, par un développement successif,
une gradation soutenue, un mouvement uniforme que toute interruption détruit ou
fait languir.
Pourquoi les ouvrages
de la nature sont-ils si parfaits? C'est que chaque ouvrage est un tout, et
qu'elle travaille sur un plan éternel dont elle ne s'écarte jamais; elle
prépare en silence les germes de ses productions; elle ébauche par un acte
unique la forme primitive de tout être vivant; elle la développe, elle la
perfectionne par un mouvement continu et dans un temps prescrit. L'ouvrage
étonne; mais c'est l'empreinte divine dont il porte les traits qui doit nous
frapper. L'esprit humain ne peut rien créer; il ne produira qu'après avoir été
fécondé par l'expérience et la méditation; ses connaissances sont les germes de
ses productions: mais s'il imite la nature dans sa marche et dans son travail,
s'il s'élève par la contemplation aux vérités les plus sublimes, s'il les
réunit, s'il les enchaîne, s'il en forme un tout, un système par la réflexion,
il établira sur des fondements inébranlables des monuments immortels.
C'est faute de plan,
c'est pour n'avoir pas assez réfléchi sur son objet qu'un homme d'esprit se
trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire. Il aperçoit à la fois
un grand nombre d'idées; et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées,
rien ne le détermine à préférer les unes aux autres; il demeure donc dans la
perplexité. Mais lorsqu'il se sera fait un plan, lorsqu'une fois il aura
rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il
s'apercevra aisément de l'instant auquel il doit prendre la plume, il sentira
le point de maturité de la production de l'esprit, il sera pressé de la faire
éclore, il n'aura même que du plaisir à écrire: les idées se succéderont
aisément, et le style sera naturel et facile; la chaleur naîtra de ce plaisir,
se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression; tout s'animera
de plus en plus; le ton s'élèvera, les objets prendront de la couleur; et le
sentiment, se joignant à la lumière, l'augmentera, la portera plus loin, la
fera passer de ce que l'on dit à ce que l'on va dire, et le style deviendra
intéressant et lumineux.
Rien ne s'oppose plus à
la chaleur que le désir de mettre partout des traits saillants; rien n'est plus
contraire à la lumière qui doit faire un corps et se répandre uniformément dans
un écrit que ces étincelles qu'on ne tire que par force en choquant les mots
les uns contre les autres, et qui ne nous éblouissent pendant quelques instants
que pour nous laisser ensuite dans les ténèbres. Ce sont des pensées qui ne
brillent que par l'opposition: l'on ne présente qu'un côté de l'objet, on met
dans l'ombre toutes les autres faces; et ordinairement ce côté qu'on choisit
est une pointe, un angle sur lequel on fait jouer l'esprit avec d'autant plus
de facilité qu'on l'éloigne davantage des grandes faces sous lesquelles le bon
sens a coutume de considérer les choses.
Rien n'est encore plus
opposé à la véritable éloquence que l'emploi de ces pensées fines et la
recherche de ces idées légères, déliées, sans consistance, et qui, comme la
feuille du métal battu, ne prennent de l'éclat qu'en perdant de la solidité.
Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il
aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style; à moins que cet esprit ne
soit lui-même le fond du sujet, et que l'écrivain n'ait pas eu d'autre objet
que la plaisanterie: alors l'art de dire de petites choses devient peut-être
plus difficile que l'art d'en dire de grandes.
Rien n'est plus opposé
au beau naturel que la peine qu'on se donne pour exprimer des choses ordinaires
ou communes d'une manière singulière ou pompeuse; rien ne dégrade plus
l'écrivain. Loin de l'admirer, on le plaint d'avoir passé tant de temps à faire
de nouvelles combinaisons de syllabes, pour ne dire que ce que tout le monde
dit. Ce défaut est celui des esprits cultivés mais stériles; ils ont des mots
en abondance, point d'idées; ils travaillent donc sur les mots, et s'imaginent
avoir combiné des idées, parce qu'ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré
le langage quand ils l'ont corrompu en détournant les acceptions. Ces écrivains
n'ont point de style, ou, si l'on veut, ils n'en ont que l'ombre. Le style doit
graver des pensées: ils ne savent que tracer des paroles.
Pour bien écrire, il
faut donc posséder pleinement son sujet, il faut y réfléchir assez pour voir
clairement l'ordre de ses pensées, et en former une suite, une chaîne continue,
dont chaque point représente une idée; et, lorsqu'on aura pris la plume, il
faudra la conduire successivement sur ce premier trait, sans lui permettre de
s'en écarter, sans l'appuyer trop inégalement, sans lui donner d'autre
mouvement que celui qui sera déterminé par l'espace qu'elle doit parcourir. C'est
en cela que consiste la sévérité du style; c'est aussi ce qui en fera l'unité
et ce qui en réglera la rapidité, et cela seul aussi suffira pour le rendre
précis et simple, égal et clair, vif et suivi. A cette première règle, dictée
par le génie, si l'on joint de la délicatesse et du goût, du scrupule sur le
choix des expressions, de l'attention à ne nommer les choses que par les termes
les plus généraux, le style aura de la noblesse. Si l'on y joint encore de la
défiance pour son premier mouvement, du mépris pour tout ce qui n'est que
brillant et une répugnance constante pour l'équivoque et la plaisanterie, le
style aura de la gravité, il aura même de la majesté. Enfin, si l'on écrit
comme l'on pense, si l'on est convaincu de ce que l'on veut persuader, cette
bonne foi avec soi même, qui fait la bienséance pour les autres et la vérité du
style, lui fera produire tout son effet, pourvu que cette persuasion intérieure
ne se marque pas par un enthousiasme trop fort, et qu'il ait partout plus de
candeur que de confiance, plus de raison que de chaleur.
C'est ainsi, Messieurs,
qu'il me semblait, en vous lisant, que vous me parliez, que vous m'instruisiez.
Mon âme, qui recueillait avec avidité ces oracles de la sagesse, voulait
prendre l'essor et s'élever jusqu'à vous; vains efforts! Les règles,
disiez-vous encore, ne peuvent suppléer au génie; s'il manque, elles seront
inutiles. Bien écrire, c'est tout à la fois bien penser, bien sentir et bien
rendre; c'est avoir en même temps de l'esprit, de l'âme et du goût. Le style
suppose la réunion et l'exercice de toutes les facultés intellectuelles. Les
idées seules forment le fond du style, l'harmonie des paroles n'en est que
l'accessoire, et ne dépend que de la sensibilité des organes; il suffit d'avoir
un peu d'oreille pour éviter les dissonances, et de l'avoir exercée,
perfectionnée par la lecture des poètes et des orateurs, pour que mécaniquement
on soit porté à l'imitation de la cadence poétique et des tours oratoires. Or
jamais l'imitation n'a rien créé: aussi cette harmonie des mots ne fait ni le
fond ni le ton du style, et se trouve souvent dans des écrits vides d'idées.
Le ton n'est que la
convenance du style à la nature du sujet, il ne doit jamais être forcé; il
naîtra naturellement du fond même de la chose, et dépendra beaucoup du point de
généralité auquel on aura porté ses pensées. Si l'on s'est élevé aux idées les
plus générales, et si l'objet en lui-même est grand, le ton paraîtra s'élever à
la même hauteur; et si, en le soutenant à cette élévation, le génie fournit
assez pour donner à chaque objet une forte lumière, si l'on peut ajouter la
beauté du coloris à l'énergie du dessin, si l'on peut, en un mot, représenter
chaque idée par une image vive et bien terminée et former de chaque suite
d'idées un tableau harmonieux et mouvant, le ton sera non seulement élevé, mais
sublime.
Ici, Messieurs,
l'application ferait plus que la règle; les exemples instruiraient mieux que
les préceptes; mais, comme il ne m'est pas permis de citer les morceaux
sublimes qui m'ont si souvent transporté en lisant vos ouvrages, je suis
contraint de me borner à des réflexions. Les ouvrages bien écrits seront les
seuls qui passeront à la postérité: la quantité des connaissances, la
singularité des faits, la nouveauté même des découvertes, ne sont pas de sûrs
garants de l'immortalité: si les ouvrages qui les contiennent ne roulent que
sur de petits objets, s'ils sont écrits sans goût, sans noblesse et sans génie,
ils périront, parce que les connaissances, les faits et les découvertes s'enlèvent
aisément, se transportent et gagnent même à être mises en oeuvre par des mains
plus habiles. Ces choses sont hors de l'homme, le style est l'homme même. Le
style ne peut donc ni s'enlever, ni se transporter, ni s'altérer: s'il est
élevé, noble, sublime, l'auteur sera également admiré dans tous les temps; car
il n'y a que la vérité qui soit durable, et même éternelle. Or un beau style
n'est tel en effet que par le nombre infini des vérités qu'il présente. Toutes
les beautés intellectuelles qui s'y trouvent, tous les rapports dont il est
composé, sont autant de vérités aussi utiles, et peut-être plus précieuses pour
l'esprit humain que ceux qui peuvent faire le fond du sujet.
Le sublime ne peut se
trouver que dans les grands sujets. La poésie, l'histoire et la philosophie ont
toutes le même objet, et un très grand objet, l'homme et la nature. La
philosophie décrit et dépeint la nature; la poésie la peint et l'embellit: elle
peint aussi les hommes, elle les agrandit, les exagère, elle crée les héros et les
dieux. L'histoire ne peint que l'homme, et le peint tel qu'il est: ainsi le ton
de l'historien ne deviendra sublime que quand il fera le portrait des plus
grands hommes, quand il exposera les plus grandes actions, les plus grands
mouvements, les plus grandes révolutions; et, partout ailleurs, il suffira
qu'il soit majestueux et grave. Le ton du philosophe pourra devenir sublime
toutes les fois qu'il parlera des lois de la nature, des êtres en général, de
l'espace, de la matière, du mouvement et du temps de l'âme, de l'esprit humain,
des sentiments, des passions; dans le reste, il suffira qu'il soit noble et
élevé. Mais le ton de l'orateur et du poète, dès que le sujet est grand, doit
toujours être sublime, parce qu'ils sont les maîtres de joindre à la grandeur
de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d'illusion qu'il
leur plaît et que, devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils
doivent aussi partout employer toute la force et déployer toute l'étendue de
leur génie.
ADRESSE
A MM. DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE.
Que de grands objets,
Messieurs, frappent ici mes yeux! et quel style et quel ton faudrait-il
employer pour les peindre et les représenter dignement? L'élite des hommes est
assemblée; la Sagesse est à leur tête; la Gloire, assise au milieu d'eux,
répand ses rayons sur chacun, et les couvre tous d'un éclat toujours le même et
toujours renaissant. Des traits d'une lumière plus vive encore partent de sa
couronne immortelle, et vont se réunir sur le front auguste du plus puissant et
du meilleur des rois. Je le vois, ce héros, ce prince adorable, ce maître si
cher. Quelle noblesse dans tous ses traits! quelle majesté dans toute sa
personne! que d'âme et de douceur naturelle dans ses regards! il les tourne
vers vous, Messieurs, et vous brillez d'un nouveau feu, une ardeur plus vive
vous embrase; j'entends déjà vos divins accents et les accords de vos voix;
vous les réunissez pour célébrer ses vertus, pour chanter ses victoires, pour
applaudir à notre bonheur; vous les réunissez pour faire éclater votre zèle,
exprimer votre amour et transmettre à la postérité des sentiments dignes de ce
grand prince et de ses descendants. Quels concerts! ils pénètrent mon cœur; ils
seront immortels comme le nom de Louis.
Dans le lointain, quelle
autre scène de grands objets! le Génie de la France, qui parle à Richelieu et
lui dicte à la fois l'art d'éclairer les hommes et de faire régner les rois; la
Justice et la Science, qui conduisent Séguier et l'élèvent de concert à la
première place de leurs tribunaux; la Victoire, qui s'avance à grands pas et
précède le char triomphal de nos rois, où LOUIS LE GRAND, assis sur des
trophées, d'une main donne la paix aux nations vaincues, et de l'autre
rassemble dans ce palais les Muses dispersées. Et près de moi, Messieurs, quel
autre objet intéressant! la Religion en pleurs, qui vient emprunter l'organe de
l'Eloquence pour exprimer sa douleur, et semble m'accuser de suspendre trop
longtemps vos regrets sur une perte que nous devons tous ressentir avec elle.
[FIN
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